« Gladys, si tu crois que tu vas rester ici à ne rien faire, tu te mets le doigt dans l'oeil ! » elle m'exaspérait. Sa voix devenait tellement détestable que j'avais envie de fuir pour ne plus jamais l'entendre hurler mon nom. Ma mère se plaignait sans arrêt. J'atteignais les 20 ans et je n'avais toujours pas trouvé de travail et l'envie d'entrer dans la vie active ne me tentait pas vraiment. J'avais suivi une formation dans la communication et par la suite, suivi une sorte de mention complémentaire dans la réception. Je dois avouer qu'à l'époque, ce métier ne m'enchantait pas vraiment. Je n'envisageais même pas l'idée même de travailler dans ce domaine. J'étais jeune et inconsciente.A choisir, j'aurais préféré passer ma vie dans mon lit et à fréquenter les boîtes de nuits, plutôt que de me lever le matin pour aller bosser dans quelconque établissement. La manière dont mes parents avaient travaillé durant toute leur vie me dégoûtait. Ils étaient tellement absorbés par leur travail qu'ils en oubliaient la famille qu'ils avaient construit. C'est sûrement pour ça que je ne me voyais pas dans le domaine professionnel. Je n'avais pas envie de finir comme eux, imperturbables et mordus du travail. Mon père gagnait vraiment bien sa vie en tant que chef d'une grande entreprise, ma mère en était consciente et ne cessait de s'en vanter auprès de son entourage. Tandis qu'elle travaillait en tant que secrétaire de mon père. Ils avaient une bonne situation et seule ma mère en abusait auprès de tous. Elle nous mettait mal à l'aise à évoquer le salaire de mon père ouvertement à nos amis, elle était heureuse d'être une femme aisée et les gens étaient exaspérés de l'entendre s'en vanter.

« Où vas-tu comme ça ?! » elle hurlait dans la maison comme une sourde, j'étais persuadée que même les voisins en avaient marre de l'entendre s'égosiller. « Je vais rejoindre les filles ! » Je jouais à celle qui pouvait parler aussi fort qu'elle, ce qui avait le don de l'énerver encore plus qu'elle ne l'était. « Tu restes là ! » Je ne comprenais pas, j'avais atteint la majorité et je devais encore avoir la permission pour sortir. Je grinçais les dents tout en l'a poussant violemment de l'entrée de notre appartement, et sortis. Je m'attendais à ce qu'elle sorte à son tour pour tenter de me rattraper, mais elle n'en fut rien. Durant toute mon adolescence je fus privée de quelconque sorties, la peur du monde extérieur que possédais mes parents, se répercutait sur ma vie. J'ai toujours dépassé les limites qu'ils m'imposaient. Je rentrais plus tard que l'heure à laquelle ils m'avaient demandé de rentrer et je faisais le mur lorsqu'ils ne souhaitaient pas que je sorte rejoindre mes amis. Je ne dis pas qu'ils étaient invivables, car avec mon frère nous avons toujours été gâtés de cadeaux et d'argent, mais ils ne vivaient pas avec leur époque. Ils avaient des clichés sur les sorties et s'attendaient à nous retrouver au commissariat si l'on rentrait plus tard que le couvre-feu prévu. C'est sûrement pour ça que j'ai toujours essayé de dépasser les limites qu'on me donnait.

Actuellement, je profite de la vie et je pense que c'est en partie dût à ce que mes parents m'ont interdit de faire auparavant. C'est seulement lorsque j'ai pris mon indépendance que je me suis rendu compte qu'il fallait que je me mette à chercher un emploi. J'étais motivée à travailler et à gagner ma vie ,car j'étais seule et je ne devais plus rien à personne. J'ai donc trouvé mon poste de barmaid. Je me sentais libre, j'étais beaucoup mieux ainsi. J'ai enfin pu profiter de ma liberté en m'amusant et notamment avec les hommes. Je ne suis pas le genre de femme à absolument vouloir me caser dans une belle et grande histoire d'amour, loin de là. Je déteste ce cliché de film romantique où tout le monde trouve chaussure à son pied. Je préfère largement profiter de mon charme auprès des hommes qui y sont sensibles. Je ne dirais pas que je collectionne les conquêtes. Seulement, j'aime jouer avec eux et leur faire tourner la tête. Je sors, je m'amuse et je profite de la vie sans me fier à ce qu'il pourrait se passer. J'aime prendre des risques et ne pas me poser de question. Je veux vivre ma vie pleine de souvenirs et non pleine de regrets. Je me sens si bien là où je suis aujourd'hui. La tranquillité, la quiétude et le calme de cette ville la rende si agréable à vivre que je ne la quitterais pour rien au monde. Les gens sont si fabuleux que je ne regrette en rien ma vie d'avant entre les cris et la justification quotidienne dont j'avais le droit. Mon métier occupe une grande place dans ma vie étant donné que je ne suis pas toujours chez moi pour vivre une vie paisible à ne rien faire de mes journées. Je dois toujours être opérationnelle et j'adore ça. Je rencontre des gens, m'amuse et profite en même temps que des clients et c'est ce qui fait que j'adore mon métier.