La colère. Voilà ce que je ressentais en cet instant, une immense colère, pendant de nombreuses années subir ça ne m’avait fait me sentir que triste, triste et détruit. Mais pour la première fois, j’étais en colère, furieux, non pas contre moi, mais contre eux. Contre ces crétins de mon collège qui ne cessait de se moquer de moi, de me pousser et même des fois de me frapper. Lorsque ce n’était pas à cause de mes pères, c’était parce qu’à leur gout j’avais la peau un peu trop coloré. Lorsque ce n’était pas ça c’était parce que j’avais parlé à une fille que je n’avais, selon eux, pas le droit d’approcher. Seulement cette fois ci les choses allaient changer. Pour la seconde fois de la journée j’étais par terre, ma lèvre saignait et ma joue me faisait souffrir. Seulement cette fois ci aucune larme ne s’échappa de mes yeux, je n’allais pas pleurer, pas pour eux, surement pas. Je m’étais alors relevé et sans rien contrôler je m’étais jeté sur lui. Mon poing avait bien rencontré sa mâchoire, et lorsqu’il était à terre je continuais de le rouer de coups. Il gémissait au sol alors que tout ce que ce son me procurer c’était de la joie. Fini de me laisser faire, fini d’être la victime, j’allais échanger les rôles contre ses abrutit raciste. C’est ce jour-là que ma réputation était devenue celle qu’elle est encore aujourd’hui. J’étais devenu un mec violent, donc la plus part avait peur, j’avais forgé cette carapace et avait fini par changer. Mes notes à l’école avaient littéralement baissé, mon comportement était loin d’être exemplaire, je finissais souvent en heure de colle. J’avais commencé à trainer avec les mauvaises personnes, commencer à fumer, à faire le mur. Seulement tous ces changements avait fini par arriver aux oreilles de mes pères qui n’avaient pas apprécié du tout. C’est pourquoi ce jour-là j’étais assis dans le salon, face à mes pères, l’un d’eux avait sa main posé sur la cuisse du deuxième comme pour le rassurer. Ma lèvre était fendue et mon œil commençait à tourner au violet. Je savais ce qu’il allait suivre, je savais bien que j’allais devoir m’expliquer. Expliquer ce qu’il se passait en cours. « Ecoute Kaiden nous sommes inquiet ton père et moi. Ces derniers temps tu sembles totalement différent. On ne te reconnait pas Kai, tu te bats, tu fais le mur, tu as de mauvaises notes. Qu’est ce qu’il se passe ? » Et nous y voilà, en plein dans le sujet. Je lâchais un long soupire et m’avachit dans le canapé. Ils ne comprendraient pas, il ne pouvait pas comprendre de toute façon. Ils vivaient dans leur petit bulle, ou tout était parfait et rose. « Rien, il se passe rien okay ? » « Vraiment ? Alors explique-nous pourquoi c’est la troisième fois cette semaine qu’on reçoit un appel du collège pour dire que tu t’es battu. Tu détestais la violence Kaiden ! » « Oui eh ben j’ai changé okay. Je suis plus un gosse putain, lâchez moi un peu merde ! » Répondis-je sèchement. Je savais que je les décevais et je crois que c’est ça qui était le plus… Je décevais les deux personnes les plus importantes de ma vie, mais je ne pouvais plus redevenir celui que j’étais avant. « Tu vas baisser d’un ton Kaiden, on est pas des chiens c’est clair ? Alors maintenant tu te calme et tu ne bouges pas d’ici avant de nous avoir dit ce qu’il se passe. » Mais je n’avais rien dit, pas ouvert la bouche et nous étions resté comme ça de longues minutes avant que Theo ne soupire et reprenne la parole. « Ecoute mon chéri, ce… Ce n’est pas facile pour nous de… » « Pas facile ?: PAS FACILE ?! C’est une blague c’est ca ? Bordel mais ouvrez les yeux merde ! Vous croyez que c’est facile pour moi peut être ?! Vous m’envoyez dans une école pleine de croyant alors que j’ai des parents gay !! Vous croyez que c’est facile peut être de se faire insulter tous les jours ? Soit parce que vous êtes pas assez blanc ou parce que vous avez deux pères ?! Non ! Non vous en savez rien alors lâchez moi !! » Explosais-je avant de me lever, d’attraper ma veste et de sortir de chez moi. Ce jour-là j’avais marche pendant des heures, j’ignorais combien mais quand j’étais rentré, enfin calmé, tout ce que je me souviens c’est  qu’en passant devant la chambre de mes parents j’avais entendu Theo pleurer. Mon cœur c’était serré fortement dans ma poitrine alors que la voix tremblante de Liam semblait essayer de le consoler. Je me suis enfermé dans ma cambre et ce fut ce soir la première fois que la lame avait rencontré la chair tendre de ma peau.

Trois jours, trois longs jours que je n’avais presque pas bougé de ma chambre, que je n’avais quasiment pas mangée. Trois jours que je ne cessais de penser à cette fille. Quel idiot je faisais sincèrement, je pouvais avoir toutes les filles que je voulais et voilà qu’il avait fallu que j’en voie une, une seule fois pour penser à elle. D’accord, elle était belle, même très belle, mais pourquoi est-ce que bordel je n’arrivais à me la sortir de la tête. Pourquoi mes pères ne pouvaient-ils pas être là pour m’aider avec tout ça. Ils étaient mort, par ma faute, parce que je n’avais pas fait attention en conduisant alors que moi j’étais toujours là, sans rien du tout à part une stupide cicatrice sur le torse. Pourquoi est-ce que ça n’avait pas pu être moi, qui n’aurais sans doute pas manqué à grand monde, qui était décédé dans l’accident. Pourquoi avait-il fallut que ce soit eux, les deux meilleurs personnes que je connaissais. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Et soudain la tristesse laissait place à la colère. J’étais en colère contre moi, contre cette fille que je n’arrivais pas à me sortir de la tête et dont je ne connaissais même pas le prénom. Cette brune dont les yeux magnifiquement bleus étaient incrustés dans ma tête. Je soupirais fortement et d’une main tremblante je saisis la lame de rasoir qui reposait sur le bord de la baignoire. Mes poignets étaient déjà tellement saccagés que je me demandais encore comment je trouvais de la place pour en faire de nouvelles. 7 ans que j’avais commencé à me faire ça, 7 ans et plusieurs fois j’avais failli y rester sans que même personne ne le sache. 7 ans que je taillais chaque partie de mon bras ou de mes cuisses… Et c’est en soupirant une nouvelle fois, montant le volume de la musique que je laissais glisser la lame sur la peau. La douleur n’était même plus si forte après tout. Plusieurs entailles avant de laisser ma tête reposer contre le mur derrière moi. Plusieurs minutes s’écoulèrent et lorsque mon téléphone se mit à sonner je sursautais violemment. En voyant le nom de ma sœur s’affichait je ne pus que me sentir un peu plus coupable, un peu plus idiot. « Allo ? » « Kaiden ?! Bordel ca fait deux jours que j’essaye de t’appeler !! » « Ouais désolé j’ai eu plein de chose à faire. Ça va pas ? Il se passe quelque chose ? » « Non, non ca va mais je me suis inquiété… » « Y a pas de quoi tu sais ? J’ai juste été pris entre le boulot et les cours. » « Ouais je comprends, dis-moi tu voudrais bien qu’on se voit ? J’ai besoin de passer du temps avec mon grand frère… » « Bien sûr, tu veux que je vienne ou on se rejoins au starbuck’s » « Starbuck’s » « Okay j’y serais d’ici une heure. » « D’accord, à tout à l’heure. Je t’aime Kai. » « Moi aussi ma belle. » Je raccrochais et soupirais. Je détestais mentir à Juliette, surtout Juliette elle était ma petite sœur, mon rayon de soleil, ce qui me permettait de tenir. Je l’aimais surement bien que n’importe qui au monde même si nous avions tous les deux adoptés, pour moi tout comme pour elle cela ne changeait rien. C’est donc pour ça que je m’étais rendu au starbuck’s après avoir pris soin de dissimuler mes plaies sous un sweat à manche longue. Je l’attendis devant la café tout en fumant deux clopes d’affiler. Puis nous avions parlé de tout et de rien, pendant des heures comme nous avions l’habitude de le faire.